L'église d'Auvers-sur-Oise(Vincent van Gogh)

Mon très cher frère

J’espère que tu vas bien .

Plus d’un mois a passé depuis que j’ai emménagé ici, à Auvers-sur-Oise. C’est dur de me lever le matin parce qu’ici il fait plus froid qu’ en Provence, mais il n’y a pas de quoi t’inquiéter, mon frère parce que l’ambiance du village est sympa, il y a aussi du bon air à la campagne et le docteur Gachet s’occupe bien de moi tous les jours. Il est très gentil, et surtout, ici n’est pas loin de Paris où tu habites. Juste une chose à te dire est que je ne sais pas pourquoi… je suis de temps en temps pris de vertige. En fait, je sens la solitude,  en quelque sorte, depuis que j’ai perdu mon oreille droite.

Or, combien de tableaux est-ce-que j’ai peint depuis mon arrivée ici le 21 mai ? Je finis un tableau par jour. Je ne sais pas pourquoi, mais récemment j’ai beaucoup d’envies de peindre.

Aujourd’hui, j’ai fini le tableau d’une église près de chez moi. Je me demande depuis combien de temps je n’avais pas peint d’églises ? J’ai decidé cette fois de mettre la main au pinceau  parce que ça m’est revenu à l’esprit notre père qui, comme tu le sais bien, était pasteur. Cette église est aimée par les habitants, mais ce qui me plaît surtout c’est le chevet parce qu’il a un air de la solitude avec les fenêtres qui sont de couleur bleu fumeux comme si elles étaient les yeux d’une personne désireuse de la mort , ainsi qu’avec les chemins qui se divisent en deux devant l’église comme s’ils indiquaient l’un vers le paradis et l’autre vers l’enfer. Je suis sûr que cela te plaira car je sais que tu as même goût que moi.

Au fait , il n’y avait pas de lettre de ta part dans le courrier aujourd’hui non plus. J’étais triste. Le jour où je ne reçois pas tes nouvelles, je me plonge dans la tristesse et je respire avec peine. J’attends toujours de te lire

Vincent